Depuis le 31 mars 2023, l’univers de l’audiovisuel événementiel a connu une profonde métamorphose écologique. Cette date marquait un tournant réglementaire : le Centre National du Cinéma (CNC) imposait désormais un bilan carbone prévisionnel et final pour accéder à certaines aides à la production. Mais au-delà de l’obligation, c’est tout un écosystème professionnel qui s’est mis en mouvement.
En plus de 2 ans, voyons comment la filière événementielle audiovisuelle a pris à bras-le-corps les enjeux climatiques, avec des résultats concrets, des méthodes repensées, et une volonté affirmée de conjuguer innovation et responsabilité.
De la contrainte réglementaire à une dynamique volontaire
Lorsque la mesure du CNC est entrée en vigueur, beaucoup y ont vu un frein ou une lourdeur administrative supplémentaire. Pourtant, ce qui s’est opéré depuis, c’est une véritable acculturation écologique du secteur. Car produire un bilan carbone, ce n’est pas simplement remplir un formulaire : c’est interroger chaque étape de l’organisation audiovisuelle d’un événement.
Cette nouvelle exigence a conduit les entreprises à :
- Réfléchir en amont aux émissions générées par la logistique (transport du matériel, déplacements d’équipes).
- Choisir des prestataires et équipements moins énergivores, voire locaux.
- Documenter précisément leurs consommations pour les comparer d’un événement à l’autre et progresser.
Ce processus, souvent vécu au départ comme contraignant, est progressivement devenu un levier d’optimisation et de transformation. Les agences, les régisseurs et les directeurs techniques ont compris qu’agir sur leur empreinte carbone permettait aussi de gagner en cohérence, en image et parfois en budget.
Les solutions qui ont émergé depuis mars 2023
🌿 Une écoconception des dispositifs audiovisuels
L’un des premiers leviers actionnés fut la rationalisation des installations techniques. Cela passe par des choix plus sobres, mais aussi plus créatifs :
- Utilisation généralisée des projecteurs LED, qui consomment jusqu’à 80 % d’énergie en moins que les sources halogènes traditionnelles.
- Conception de décors modulables, réutilisables d’un événement à l’autre, fabriqués à partir de matériaux recyclés ou recyclables.
- Mutualisation du matériel entre plusieurs productions ou événements, notamment via des réseaux de location spécialisés.
Ce sont ces microdécisions techniques, cumulées à l’échelle de centaines d’événements, qui commencent à produire un impact tangible.
📊 Des outils de mesure de plus en plus fiables
Autre changement majeur : l’adoption accélérée de logiciels comme Carbon’Clap, reconnu par le CNC, ou d’autres outils développés à l’échelle européenne. Ces plateformes permettent aujourd’hui :
- De calculer l’empreinte carbone d’un événement audiovisuel de manière standardisée.
- De comparer différentes options (par exemple : diffusion en streaming vs écran géant sur site).
- De partager les résultats avec les clients et partenaires, en toute transparence.
La donnée devient un pilier de la décision, permettant de choisir des options plus vertueuses sans compromis sur la qualité de l’expérience.

L’implication croissante des acteurs du secteur
La transition écologique ne concerne pas que les structures indépendantes ou les startups innovantes. Depuis mars 2023, les grands groupes audiovisuels et les agences événementielles majeures se sont engagés dans la transformation.
- France Télévisions a lancé au printemps 2025 une Convention pour le climat avec ses collaborateurs, avec des pistes concrètes appliquées à ses propres captations d’événements.
- M6 Films a systématisé les fiches de tournage responsables, intégrant des référents éco-responsabilité dans chaque production.
- De grandes agences de production événementielle intègrent désormais des critères d’écoresponsabilité dès les appels d’offres, et certaines refusent des projets jugés incompatibles avec leurs engagements environnementaux.
Ce mouvement collectif est également soutenu par des formations spécialisées, des guides de bonnes pratiques (comme ceux d’Écoprod), et des initiatives collaboratives européennes qui visent à harmoniser les standards.
Des freins encore présents, mais une trajectoire engagée
Tout n’est pas résolu. Le secteur fait encore face à plusieurs défis structurels :
- Des contraintes économiques qui freinent certaines entreprises, notamment les plus petites.
- Des difficultés à évaluer l’impact environnemental des usages numériques (diffusions, stockage, cloud) de manière transparente.
- Un manque de coordination européenne autour d’un référentiel unique de mesure et de labellisation.
Mais malgré cela, la trajectoire est là. La perspective de nouveaux référentiels d’ici fin 2025, les obligations renforcées dans les aides publiques et l’évolution des mentalités créent un élan solide. Le virage vert, amorcé en mars 2023, ne semble plus être un simple effet de mode : c’est un mouvement de fond.
Pour conclure, l’audiovisuel événementiel, souvent perçu comme énergivore et polluant, est en train de se réinventer. Grâce à une alliance entre réglementation, technologie et créativité, le secteur a su transformer une contrainte en opportunité. En à peine un an et demi, il a mis en place des outils, des méthodes et une culture nouvelle qui permettent d’envisager des événements à la fois spectaculaires et responsables. Reste à accélérer l’harmonisation et la formation, pour que cette transition ne soit pas réservée à quelques pionniers… mais bien à toute la filière.
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